Art-thérapie analytique à Paussac-St Vivien, Dordogne

Publié le par Ateliers d'Art-thérapie analytique Béatrice Constantin-Mora

Les personnes qui viennent en consultation éprouvent la sensation d'être comme coupés de leurs émotions, partagés dans leur corps, de ne pas avoir les mots pour traduire à l'extérieur ce qu'ils ressentent à l'intérieur d'eux-mêmes.

Les femmes en particulier ont été soumises à des traumatismes plus ou moins précoces (attouchements, viols, maladies...), avec un manque récurrent, celui de ne pas avoir pu en parler avec leur entourage familial ou le sentiment de n'avoir pas été ou de ne pas être entendues.

En venant en thérapie, ils en appellent à un autre pour que leur symptômes cessent (dépression, attaque de panique, difficulté du lien d'attachement, manque de confiance en soi...)

Au fur et à mesure des séances, ils se rendent compte que ce qui leur paraissait illogique, "fou" dans l'expression des symptômes, par la méthode associative, trouve une logique et s'insère dans un langage qui leur est propre. Il se crée du lien entre leurs éprouvés corporels et la mise en forme qu'ils en font, soutenue par la relation avec le thérapeute.

Et c'est au bout de plusieurs séances que cette mécanique de penser et de se penser commence à intégrer leur vie quotidienne, venant soulager tout d'abord la pression sociale forte, de ne pas être "comme tout le monde". "Est ce que je suis normal(e) ?", "Est ce que je suis "fou", "folle" ? "Est ce que ce que je ressens, d'autres le ressentent aussi ?"

Inévitablement, nous allons nous diriger au départ vers une langue oubliée mais qui n'a pas disparu. Une langue maternelle qui n'a pas pu s'inscrire dans le registre du langage parlé, puisqu'elle a été expérimentée sous des formes plus ou moins agressives ou terrifiantes, souvent à une période pré-verbale et régulièrement dans la petite enfance.

Parler de "thérapie non-verbale" ne signifie pas que nous n'employons pas les mots. Ils ont aussi leur importance comme finalisation du processus de symbolisation, "le mot tue la chose", en référence à Freud, ou en tout cas l'apprivoise et la rend moins dangereuse.

Les mots ont aussi leur importance si on les envisage dans leur matérialité et la multitude de sens, de significations qu'ils entraînent dans leur sillage. Le mot donc comme objet sonore, avant qu'il puisse s'inscrire sur un support et être transmissible.

Les patients qui font le pas de venir prendre rdv, pour la première fois ou après de nombreuses tentatives thérapeutiques du côté purement verbal, ont un courage qui force le respect. Oser s'aventurer dans ces contrées de la sensorialité, oser passer du "jenesaispas" au "ça me fait penser à", "j'ai l'impression de...", c'est prendre le risque de rencontrer les formes animales, instinctuelles, pulsionnelles qui barrent l’accès à une pensée autonome. Par conséquent, le recours aux métaphores offrent une trousse lexicale propice à dépasser le sentiment de peur pour se raconter autrement et réorganiser ses émotions en faisant le tri entre les signifiants de l'autre et ceux que le patient va créer pour se représenter.

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