Module de formation professionnelle " Création & Enfermement", La Liberté de Créer au coeur de la contrainte de l'Enfermement, La Tranche sur Mer, octobre 2019

Publié le par Béatrice Constantin-Mora Art-thérapeute analytique

Formation professionnelle continue, Ateliers thérapeutiques à médiation Créative "Création & Enfermement", La Tranche sur Mer, Octobre 2019
Formation professionnelle continue, Ateliers thérapeutiques à médiation Créative "Création & Enfermement", La Tranche sur Mer, Octobre 2019
Formation professionnelle continue, Ateliers thérapeutiques à médiation Créative "Création & Enfermement", La Tranche sur Mer, Octobre 2019

Formation professionnelle continue, Ateliers thérapeutiques à médiation Créative "Création & Enfermement", La Tranche sur Mer, Octobre 2019

FORMATION PROFESSIONNELLE CONTINUE
« Création & Enfermement »
La liberté de créer au cœur de la contrainte de l’enfermement

Public : Professionnels travaillant auprès de personnes en situation d’enfermement, qu’il soit psychique, physique ou social.

Pré-requis :

  • Exercer une activité professionnelle en lien avec la thématique.

Objectif :

  • Acquérir des connaissances théoriques et pratiques visant à restaurer la créativité du sujet en situation d’enfermement.
  • Soutenir l’inventivité des professionnels par des ateliers expérientiels en groupe autour de différents supports (écriture, arts plastiques, contes, symboles

 

PROGRAMME

La création en temps de guerre : Survie psychique & Acte de Résistance

Les enjeux des ateliers à médiation créative : Restaurer la créativité du sujet

  • La construction de la relation intersubjective
  • Processus créatif, Créativité & Destructivité

 La clinique des troubles identitaires & narcissiques

La création en milieu carcéral : Quelles inventions soignantes ?

  • L’impact de l’environnement carcéral sur le sujet.
  • L’engagement corporel dans l’acte de création.
  • La créativité adolescente chez les mineurs incarcérés.

La médiation créative par les contes : de la malléabilité de l’objet de médiation à celle du professionnel

La création en milieu psychiatrique : Le soignant, un porte-parole pour des voix sans issue.

  • Les enjeux politiques au cœur de notre pratique.
  • Des liens flous (ou fous) avec la justice.
  • La psychothérapie institutionnelle.

Ateliers expérientiels : Créer, exprimer, inventer…

Expérimenter et penser différents types de médiations, en fonction du contexte, des attentes, des possibles … Transmettre une parole ? Quelle parole ?

Cette session de formation est réalisée en collaboration avec 2 psychologues cliniciens exerçant en Hôpital psychiatrique et milieu carcéral.

Emilie EDELMAN
Psychologue clinicienne, elle exerce dans un service de psychiatrie implanté en prison. Elle y reçoit adolescents et adultes détenus en demande d'un espace de parole et de soin.
Le fil conducteur de son parcours professionnel est son souci de rendre accessible un travail psychothérapique à un public dont l'abord nécessite une malléabilité de l'exercice du psychologue, qui se doit de réinventer sans cesse son cadre de travail, mais aussi les modalités de rencontre avec son patient.
En cela, elle ouvre sa pratique clinique au conte, à cette langue sensorielle et mythique, qui engage une créativité de corps et de parole déjouant les enfermements du sujet.
Portée par un désir de transmission, elle partage ses recherches dans des communications et lors d'actions de formation.

Vincent RENAULT
Psychologue clinicien exerçant en psychiatrie adulte depuis plus de 15 ans, il a pu acquérir de solides connaissances en psychopathologie et en psychothérapie.
Que cela soit en individuel ou en groupe, son souci constant est de pouvoir ajuster au mieux sa position et sa pratique thérapeutique, pour accueillir le sujet dans la singularité de sa demande et de sa souffrance.
C'est notamment dans ce contexte qu'il a pu expérimenter la pertinence clinique d'une approche culturelle et artistique, à travers des ateliers de peinture, des ateliers de médiation artistique à visée thérapeutique... Cette pratique l'a amené à approfondir sa réflexion sur la créativité, l'art, l'expression picturale, avec ses effets thérapeutiques, ses effets sur le lien social, sur le "vivre ensemble. Co-auteur de la publication : "Parler est un besoin, écouter est un savoir", parue dans la revue Vie Sociale et Traitement. Visible sur le site Cairn.info :
https://www.cairn.info/revue-vie-sociale-et-traitements-2018-4-page-48.htm

Béatrice CONSTANTIN-MORA
Art-thérapeute analytique en profession libérale depuis 2012, elle propose des consultations, des stages, et des séjours personnalisés auprès des particuliers. Également formatrice et créatrice de l'organisme "Art-thérapie analytique Dordogne" en 2016, elle s'attache à transmettre un enseignement éthique et professionnel visant à construire des conditions propices à l'expression et à la transformation des sujets en difficultés ou en souffrance, dans un cadre fiable et sécure.

La psychanalyse et plus particulièrement des auteurs comme D. W. Winnicott, René Roussillon, Anne Brun... nourrissent son travail et sa réflexion depuis plus de 20 ans. Dans cette mouvance, l'objectif est de rendre possible le processus de symbolisation via la matière, en développant la créativité du sujet. Ainsi, il est postulé que ce n'est pas la matière, l'objet, qui soignent, mais la relation qui se tisse entre le sujet, le groupe et le thérapeute (ou l'animateur au sens général) via l'objet de médiation. Il n'y a, par conséquent, aucune exposition des travaux réalisés en atelier d'art-thérapie. Ceux-ci restent dans ce lieu d'expérimentation sans enjeux esthétiques, ni de jugements de valeur.

Éducatrice spécialisée pendant 10 ans, en internat ainsi qu'en milieu ouvert (AEMO), elle bénéficie d'une solide expérience de terrain dans différents établissements, animée par la recherche constante de ce qui fonde la singularité de chacun, la possibilité qui lui est offerte de se relier à lui-même et aux autres, de se considérer et d'être considéré autrement que par le symptôme.

 

Cette session de formation fait partie de la formation "Initiation à l'art-thérapie & Médiations créatives" ( lien où vous trouverez des références bibliographiques).

Alternance entre des apports théoriques et des ateliers expérientiels.
Durée  : 5 jours/35h.

Tarifs :
400€ pour les particuliers
600€ pour les prises en charge financières

Cette formation est organisée par l’organisme de formation
ART-THERAPIE ANALYTIQUE DORDOGNE, enregistré sous le n°75 24 01819 24, auprès du Préfet de la région Nouvelle Aquitaine. Cet enregistrement ne vaut pas agrément de l’État.

DATADOCK & Certification Qualité ICPF & PSI.

Places limitées à 15 participants. Réservation obligatoire auprès de :

Béatrice CONSTANTIN-MORA : 06 08 76 07 36
Mail : ataformation@outlook.fr
Site :
www.arttherapieanalytique.fr

Lieu de la formation : La Résidence BELLE PLAGE*** La Tranche sur Mer (Vendée)
HÉBERGEMENTS VUE MER à partir de 30€/nuit.
Contacter Anna : www.residencebelleplage.com

https://www.facebook.com/ResidenceBellePlage

Module de formation professionnelle " Création & Enfermement", La Liberté de Créer au coeur de la contrainte de l'Enfermement, La Tranche sur Mer, octobre 2019
Module de formation professionnelle " Création & Enfermement", La Liberté de Créer au coeur de la contrainte de l'Enfermement, La Tranche sur Mer, octobre 2019

Introduction 1ère partie Béatrice CONSTANTIN-MORA-Art-thérapeute analytique

Il est impossible d’aborder la thématique de l’Enfermement, sans nommer, sans parler de la Liberté & de la Paix.

Si aujourd’hui, nous vivons dans un monde en paix, nous n’oublions pas que celle-ci reste toute relative. Guerre et Paix se sont succédées depuis les débuts de l’Humanité. Mais il y a tout juste 80 ans, l’Occident était en proie à un au-delà de la guerre, un génocide. Des humains se sont attachés avec méthode à faire disparaître toute trace d’humanité chez certaines populations, jugées « racialement inférieurs »… L’arrestation et la déportation signèrent pour chacune des victimes la fin de leur monde intime, historique, filial. Survivre ou pas, espérer ou se résigner. Pour de nombreuses personnes, une autre vie commença en Résistance. Une résistance par les armes ou par l’acte de création, dans son ultime but de transmission, portée par l’espoir de voir revenir le monde libre.

Quand la créativité et la création font Actes de Résistance, une lutte s’instaure contre un oppresseur extérieur mais aussi pour protéger et sauvegarder sa subjectivité, malgré tout. Devoir de Mémoire. Une mémoire graphique, écrite et sonore transmise par des femmes et des hommes en temps de guerre. Ils n’étaient pas tous artistes, mais tous avaient en commun une créativité prête à leur prêter main-forte dans leurs diverses stratégies de survie. Grâce à leurs témoignages, nous allons explorer cette créativité qui les fit rire, s’aimer, se protéger, être solidaires et ainsi recréer un sentiment de liberté de la vie d’avant, au cœur de l’épouvante et de la sidération.

Quelles sont les conditions de survie psychique au creux de l’enfer des camps ? J’aurai pu écrire au cœur, au sein, mais non, l’enfer est un creux, un abyme, un gouffre, d’où l’on doute de ressortir.

Nous observons combien, ici, ce n’est pas l’Art qui sauve mais bel et bien la créativité intrinsèque des êtres humains. Celle qui n’a rien du loisir, ni de la culture du résultat, mais donne le sentiment que « la vie vaut la peine d’être vécue » (Winnicott, 1951)

Créativité, nous le verrons dans un deuxième temps, qui dépend de la qualité du lien d’attachement qui lie le petit enfant à son environnement, c’est à dire de la confiance dans les relations nouées entre l’enfant et ceux qui s’occupent de lui. Condition ultérieure sine qua non de la capacité de l’adulte à endosser sa part subjective dans un groupe social.

Introduction 2è partie par Emilie EDELMAN - Psychologue clinicienne

Création et incarcération

L'incarcération vient sanctionner pénalement, par la privation de liberté, un individu, en exécution d'une décision judiciaire. Mais n'entraîne-t-elle pas aussi, dans une certaine mesure, une mise à mal de l’expression de sa propre subjectivité ?

Ainsi, la fonction pénitentiaire de gestion des « détenus » n’est pas, pour certains d’entre eux, sans induire un insidieux processus de désubjectivation ; leur contention carcérale engendrant des attitudes d’assistanat et d’isolement, avec leurs potentiels corrélats psychiques de passivation et de désolation. En effet, l’environnement carcéral appauvrit progressivement la prise d’initiative, mais aussi la perception psychique de l’espace et du temps, du corps propre et de la sphère émotionnelle. L’individu y est coupé (parfois radicalement) de son rapport intime à lui-même et de ses repères identitaires au sein du groupe familial et social.

D’autre part, quand le système carcéral sait s’ajuster, ces murs qui « arrêtent » offrent aussi parfois, paradoxalement, une occasion d'être suffisamment protégé de soi-même et abrité du tumulte d’un environnement « délinquant » pour pouvoir expérimenter pendant sa détention une nouvelle manière d’être soi et d’être au monde.

En ce sens, l’Homme est poreux à son environnement et l’homme incarcéré est traversé par sa détention, tant dans ses impacts psychiques que corporels.

Chaque être compose, voire se protège, à sa manière de l’épreuve du réel de son existence. Ainsi, certains sujets pourront surenchérir, souvent inconsciemment, ce qu’il en est de la limitation de leurs libertés en étant eux-mêmes à l’origine d’une fermeture de tous les possibles. D’autres se saisiront urgemment des moindres interstices pour s’exprimer (et parfois bien au-delà de ce qu’ils pouvaient connaître d’eux-mêmes), comme pour ne pas perdre le fil de leur individualité malmenée.

En prison, les conduites sont dictées de manière répétitive, menant parfois aux confins de l’inertie. Dans ce contexte pénitentiaire, le groupe thérapeutique à médiation ne se soutient, quant à lui, d’aucune attente normative ; au contraire, sa vigilance se porte sur tout ce qui fait de chacun un sujet unique. En cela, il peut être le lieu où le patient risque une rencontre avec l’inconnu, l’énigmatique, le chaotique en lui ; le lieu d’une possible invention/reconstruction de soi, où seront revisités, symbolisés, transformés, les éléments psychiques et les souffrances restés jusqu’alors hors-trace, hors-représentation.

Le groupe thérapeutique à médiation est proposé par l’équipe de psychiatrie « logée » en détention. Les fragilités internes qui se révèlent en ateliers permettent rarement de faire l’économie d’une mise à l’épreuve du lien dans la rencontre. C’est pourquoi la malléabilité des thérapeutes, la recherche constante d’un ajustement à la clinique des patients, sont comme autant d’inventions soignantes, au cœur des processus psychiques mouvants propres aux enjeux groupaux.

La clinique des sujets incarcérés fait tout particulièrement surgir le corps au-devant de la scène. Déjà, le passage à l'acte ayant amené à l’emprisonnement s'est souvent manifesté du côté d'une explosion pulsionnelle. Au fil des rencontres, des vécus de démantèlement et d'envahissement sensoriels peuvent aussi être relevés. D'autre part, dans la relation transférentielle, il arrive que la symbolisation de l'acte nécessite d’en passer par le détour de faire éprouver à l'autre, dans un en-deçà du langage, ce qui est éprouvé en soi mais ne sait comment se dire.

En ce sens, la pertinence des dispositifs à médiation tient aussi au fait qu'ils sont une voie permettant de réintroduire la corporéité des participants et des professionnels : ils aident à mettre en mots et à mettre en corps ; un corps sensoriel, mais aussi symbolisant, parlant. Leur fonction est tant de rassembler des éprouvés sensoriels fragmentés, pour qu'une enveloppe se construise, que de permettre (parce que la violence a sa place dans le processus créatif) une nouvelle articulation entre détruire et créer.

Cette destructivité transformée par l'acte créateur se joue spécifiquement chez les adolescents incarcérés. Et la traversée de ce temps pubertaire fera souvent du jeu un cheminement où il s'agira de se créer, de démasquer la vérité de la vie, du sexuel, de la mort.

Les effets de l'exil sur les créations des « mineurs non accompagnés » incarcérés demandent une attention particulière. En cela, travailler avec le mythe, le conte, les récits issus de la tradition orale et ayant traversés les siècles, est une médiation qui peut permettre une relance de l'activité imaginaire et fantasmatique, notamment lorsqu'elle est sidérée, rigidifiée par le trauma. Son langage sensoriel, poétique, aux résonnances mystérieuses et multiples, ce langage qui bricole avec des signes, avec des traces, répond à la nécessité, pour ces jeunes, de se réinventer une histoire, un corps, une langue sensorialisés. Aussi, proposer aux adolescents une telle médiation thérapeutique demande de débusquer en soi les traces de cette sensorialité et répond à notre désir de les accompagner dans la construction, pour eux-mêmes, d'une nouvelle manière d'habiter le monde.


 


 

Introduction 3è partie par Vincent RENAULT- Psychologue clinicien :

Cette 3è partie se focalisera sur plusieurs aspects institutionnels et cliniques concernant l’accueil de la souffrance psychique.

D’ un point de vue politique et institutionnel, dans le champ de la psychiatrie (ou plus récemment nommé Santé mentale), quelle place est accordé aujourd’hui au symptôme, le symptôme relatif à la souffrance psychique, sous toutes ses formes ?

Que veut-on en faire de ce symptôme ? L’accueillir, l’écouter, tenter d’entendre ce qu’il pourrait nous enseigner, lui donner du sens ? Ou, à l’opposé, l’éradiquer, l’évacuer, le rééduquer comme une déviance comportementale et sociale ?

Une discussion en groupe avec les stagiaires sera l’occasion pour chacun de repérer le contexte de travail, avec les possibles et impossibles (empêchements institutionnels) pour élaborer et affiner sa pratique professionnelle. Ce préalable est fondamentale pour bien analyser l’environnement professionnel dans lequel la pratique professionnelle et l’acte créatif vont se situer.

Il sera alors plus aisé d’aborder l’aspect théorico-clinique de la créativité, sous ses diverses formes de nominations : art thérapie, médiation thérapeutique, atelier d’expression, atelier d’artiste etc...

Quels les sont les différents mode de créations possibles ? Quelles sont les objectifs souhaités, attendus, obtenus ? Que fait-on de ce qui est crée ? De l’œuvre ? Quelle parole accompagne l’œuvre et sa création ? Et que fait-on de cette parole ? Transmettre cette parole, à qui ? comment ?

Ces questions seront déclinées à partir des contextes professionnels des participants et de la psychopathologie afférente.

Une discussion se tiendra également sur les recherches actuelles en France au sujet l’art thérapie avec une orientation psychanalytique, pour tenter de dégager quelques balises théoriques utiles pour étayer et nourrir la pratique de chacun.

 

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